Plus de trois quarts des automobilistes roulent seuls pour aller travailler

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Plus de huit conducteurs sur 10 se déplacent seuls dans leur voiture le matin, selon une étude inédite publiée mercredi par le gestionnaire d’autoroutes Vinci. Dans l’Est de la France, les voies réservées au covoiturage pour lutter contre cette pratique se multiplient.

Par M.L.D. avec AFP Aujourd’hui à 15:55 | mis à jour aujourd’hui à 15:56
A Lyon, depuis décembre 2020, une voie est dédiée au covoiturage sur la M6-M7. Photo Le Progrès/Richard MOUILLAUD

Quels sont les chiffres ?

On savait qu’ils étaient nombreux. Une étude de Vinci vient le confirmer : plus de huit conducteurs sur 10 se déplacent seuls dans leur voiture le matin. Ainsi, sur 1,5 million de véhicules analysés à l’automne 2021 à proximité de grandes agglomérations, entre 8 heures et 10 heures en semaine, 82,6 % ne transportaient qu’une personne à l’avant. « L’autosolisme » connaît un pic à 8 heures, heure de pointe des déplacements domicile-travail, avec 89 % de personnes seules. Il diminue ensuite pour passer sous les 75 % vers 10 heures.

Cette étude publiée mercredi par le gestionnaire d’autoroutes Vinci a analysé les données fournies par des caméras sur ses autoroutes. On parle de personnes « autosolistes », néologisme qui se compose d’auto et de solo, deux mots qui permettent d’indiquer une pratique solitaire de la conduite d’un véhicule motorisé, plus spécifiquement d’une voiture.

Pourquoi c’est un problème

Bien sûr, certains trajets domicile-travail sont incompressibles pour un certain nombre d’usagers. Mais les statistiques de l’Insee sur l’année 2017 montrent que la plupart de ces trajets sont en réalité réalisés sur des très courtes distances. Ainsi, 49 % des usagers prennent leur voiture pour réaliser un trajet de moins d’un kilomètre et 63 % pour un trajet de 2 à 3 kilomètres.

Cette utilisation systématique de la voiture a un impact direct sur l’encombrement des centres-villes et de certains axes, ainsi que sur les fortes émissions de gaz à effet de serre entraînant des pics de pollution dans quelques grandes villes. Les transports sont responsables de près de 30% des émissions totales de CO2 de l’Union européenne, rappelle le Parlement européen sur son site internet. Les émissions de CO2 issues du transport de passagers varient considérablement selon le mode de transport. Les voitures personnelles sont l’un des principaux pollueurs puisqu’elles représentent 60,7 % des émissions totales de CO2 dues au transport routier en Europe.

Les autoroutes représentent 1 % du réseau routier français, mais 30 % des distances parcourues et 25 % des émissions de CO2 des transports, selon l’Union routière.

Agence européenne pour l’environnement

Quelles sont les solutions ?

La lutte contre « l’autosolisme », notamment via le covoiturage, est une des pistes principales du gouvernement pour limiter le trafic et donc la pollution atmosphérique. En 2019, le gouvernement s’était donné pour objectif en 2019 de tripler en cinq ans la part du covoiturage domicile-travail, pour passer à trois millions de covoitureurs. Soit faire rouler un million de voitures en moins par jour sur les routes françaises.

La loi permet donc depuis 2019 de réserver des voies au covoiturage, comme il en existe depuis de nombreuses années en Amérique du Nord ou ailleurs. Plusieurs voies réservées aux « VR2+ » (véhicules transportant à minima 2 occupants, transports en commun, les taxis, véhicules à très faibles émissions) ont été mises en service à Lyon, Grenoble, Strasbourg, Bordeaux ou en région parisienne, selon le Centre national d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema).

Dans une enquête publiée par l’Ademe en 2019, 69 % des personnes interrogées déclaraient qu’il serait souhaitable de favoriser l’usage des véhicules peu polluants et du covoiturage à travers des voies de circulation ou des places de stationnement réservées.

La multiplication de ces voies réservées passe par « un contrôle performant du nombre d’occupants », souligne le Cerema. Plusieurs dispositifs ont été testés, comme à Rouen ou à la douane franco-suisse de Thônex-Vallard. Certains appareils de comptage apparaissent suffisamment fiables pour afficher des messages pédagogiques, mais pas assez pour permettre des sanctions automatisées. L’homologation d’une solution de contrôle automatisé n’est pas attendue avant fin 2023, a indiqué le Cerema, mais des solutions de vidéo-verbalisation assistées par ordinateur pourront être mises en oeuvre avant cette date.

L’autosolisme varie en fonction des villes. Vinci est peu implanté dans l’Est de la France.

Graphique Vinci autoroutes

Nos régions en pointe

La première voie de covoiturage active en France a été ouverte en septembre 2020 à Grenoble, sur l’A48 par le gestionnaire du réseau autoroutier Area, comme le rapporte Le Dauphiné Libéré. En décembre 2020, la métropole de Lyon a emboîté le pas sur la M6-M7 (l’ancienne autoroute A6-A7) en réservant la voie de gauche au covoiturage et aux véhicules les moins polluants. Les contrevenants s’exposent à une amende de 135 euros, souligne Le Progrès.

Un an plus tard, c’est Strasbourg qui inaugurait sa voie dédiée de la M35 au covoiturage, soit au minimum deux personnes à bord. Là-bas, des caméras viennent d’être positionnées au-dessus de l’autoroute pour évaluer le système, rappellent Les Dernières nouvelles d’Alsace. Les verbalisations viendront ensuite.

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