L’UFC-Que Choisir promeut de longue date le développement des transports en commun, et notamment des trains express régionaux, comme alternative à la voiture individuelle. Cet objectif passe par une nécessaire politique d’investissements dans les infrastructures ferroviaires et le matériel roulant. Mais aussi par une amélioration de la qualité de service proposée par les opérateurs ferroviaires, essentiellement la SNCF à l’heure actuelle, et dont les élus sont les garants.
Ceci est d’autant plus indispensable que notre récente étude consacrée aux transports s’est spécifiquement intéressée à la qualité de service des trains régionaux de voyageurs (TER) et met en lumière que le chemin reste long pour que les consommateurs bénéficient d’une qualité de service à la hauteur des enjeux et soient incités à prendre le train. Rendez-vous compte : près de 20 % des TER initialement programmés sont soit déprogrammés, soit annulés, soit en retard à destination. Dit autrement, un usager utilisant quotidiennement le TER subit en moyenne deux annulations ou retards par semaine, ce qui est inacceptable, notamment au regard des conséquences concrètes et parfois désastreuses sur la vie des usagers, aussi bien sur des aspects personnels que professionnels.
Qui plus est, les disparités entre régions interrogent et certaines d’entre elles font figure de très mauvaises élèves, au mépris de la qualité de la desserte ferroviaire sur leur territoire. Comment expliquer que plus de 25 % des TER de la région Provence-Alpes-Côtes d’Azur ont été affectés en 2023 par un manque de fiabilité du service quand seuls 11 % des TER roulant en Bretagne, première région de notre classement, le sont ?
Consécutivement à la publication de notre étude, j’ai été particulièrement étonnée, pour ne pas dire choquée, de constater que certains conseils régionaux nous reprochaient d’avoir rendu publiques ces données. Certaines sont même allées jusqu’à parler de “fake news” en parlant de notre étude, qui pourtant n’exploite que des données officielles et indiscutables publiées par l’Autorité de régulation des transports. Je le dis très clairement : les usagers attendent des élus qu’ils œuvrent à régler leurs problèmes, plutôt que de les cacher sous le tapis ! Ces attentes des usagers sont d’autant plus légitimes que des leviers existent pourtant pour les conseils régionaux à travers les conventions passés avec la SNCF (indemnités de retard, objectifs de fiabilité). Je ne parle même pas des conditions d’indemnisation qui sont proprement insuffisantes dans bien des régions…
À ce sujet, l’étude de l’UFC-Que Choisir a été utile puisque, par exemple, la région Grand Est a déclaré étudier l’instauration d’une indemnisation voyageurs, qui devrait faire l’objet d’un avenant à la convention TER en place. La Cour des comptes venant d’enfoncer le clou dans un rapport publié la semaine passée en estimant que les défaillances de service « font du voyage en TER une entreprise soumise à des aléas significatifs » et « qu’un tel niveau d’aléa limite le développement de la fréquentation des TER », j’attends plus que jamais des élus (et de la SNCF) qu’ils se retroussent les manches pour que nos trains arrivent (enfin) à l’heure !
Marie-Amandine Stévenin
Présidente de l’UFC-Que Choisir
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