SNCF : les trains sont-ils de plus en plus en retard ?

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La ponctualité des trains est en baisse ces dernières années. La ponctualité des trains est en baisse ces dernières années.  − STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

LES YEUX SUR LA MONTRE – Après le blocage d’une série de trains pendant des heures dans le Sud-Ouest, la SNCF est une nouvelle fois critiquée pour ses retards. Les chiffres officiels mettent en lumière leur augmentation sensible ces dernières années, la faute notamment au vieillissement des matériels et infrastructures.

Touchés par une série d’incidents électriques non loin de Dax, plusieurs trains ont subi des retards conséquents dimanche soir sur la ligne TGV ralliant le Sud-Ouest à Paris. Des passagers sont restés bloqués durant toute la nuit, tandis qu’une partie l’était encore lundi matin. Jusqu’à 20 heures de retard et des témoignages de voyageurs furieux qui ont contribué à relancer des critiques à l’encontre de la SNCF.

L’entreprise ferroviaire est régulièrement pointée du doigt pour le retard de ses trains. Mais qu’en est-il vraiment ? Les chiffres de la SNCF permettent de constater des évolutions peu encourageantes sur les dernières années, et mettent en avant des disparités en fonction des liaisons. Rappelons d’ailleurs qu’un train est considéré en retard après 5min59 si le temps de trajet total est moins de 1h30, après 10min59 si le temps de trajet total est entre 1h30 et après 15min59 si le temps de trajet total est de plus de 3 heures.

Une dégradation sensible au fil des ans

Convertie à l’Open Data, la SNCF rend publiques des informations relatives à la ponctualité des trains. Des données qui peuvent être consultées via un site dédié, et qui sont également accessibles à des organismes de surveillance et de régulation. C’est le cas de l’Autorité de la qualité de service dans les transports (AQST), sous l’égide du ministère de la Transition écologique et dirigée par Alain Sauvant.

Ce dernier, joint par LCI, observe une “tendance générale plutôt à la dégradation”. Des travaux sont d’ailleurs en cours pour le faire émerger et en rendre compte. C’est notamment le cas en ce qui concerne les TGV, fait-il remarquer, “sur une période qui va de 2012 à 2019”. L’année écoulée a été globalement un peu meilleure sur le plan de la ponctualité que 2018, qui avait atteint des niveaux inquiétants, sans équivalent lors des années précédentes. “On le voit aussi par rapport à des données antérieures à 2012”, ajoute Alain Sauvant, mais “des changements dans les normes utilisées rendent les comparaisons plus difficiles”. Les chiffres plus anciens ne sont donc généralement pas présentés, afin d’éviter toute confusion.

À l’échelle globale, tous types de trains confondus, la situation n’est guère encourageante. Le rapport annuel de l’AQST montre en effet qu’en moyenne, 12 à 14% des trains sont arrivés en retard en 2019. Un manque de ponctualité qui peut s’expliquer par des facteurs externes (météo, passages d’animaux sur les voies), mais qui est “en majorité le fait de causes internes à la SNCF”. Le responsable de l’AQST souligne ainsi les retards causés par le “vieillissement des lignes et du parc matériel roulant”.

Les trains régionaux affichent de meilleurs résultats. − Autorité de la qualité de service dans les transports (AQST)
Fort heureusement, les retards de plusieurs heures restent très rares. Des données extraites d’un mois type, sans mouvement social ni épisode climatique particulier, mettent en évidence le fait que lorsqu’il accuse du retard, un train arrive en gare en moyenne entre 37 et 41 minutes après son heure d’arrivée théorique.

Une série de disparités

Si les chiffres globaux suivent une évolution légèrement à la hausse ces dernières années au niveau des retards enregistrés, on observe certaines variations. Certaines lignes s’avèrent aujourd’hui bien plus touchées par les retards. Un manque de ponctualité qui peut parfois toucher plus d’un train sur 5. C’est le cas pour les liaisons TGV entre Lyon Part Dieu et Lille, entre Marseille Saint Charles et Lille, ou encore entre Le Mans et Paris Montparnasse.

Plus d’un train sur 4 est en retard sur la ligne Lyon Part Dieu – Lille.  − Autorité de la qualité de service dans les transports (AQST)
Si l’on prend de la hauteur et que l’on tente d’observer la situation française à l’échelle européenne, la comparaison n’est pas forcément très positive. L’AQST a en effet réalisé une étude spécifique mettant en avant le fait que nos voisins espagnols et néerlandais affichent une meilleure ponctualité pour leurs trains à grande vitesse. L’Allemagne et l’Italie étant à la traîne. Pour ce qui est des équivalents des “Intercités”, la France se situait en 2014 dans la moyenne européenne, tandis qu’elle affichait une ponctualité moindre que de nombreux pays pour ses trains régionaux.

“On observe souvent qu’en France, les TGV sont retardés lorsqu’ils évoluent hors du réseau à grande vitesse, un problème que ne rencontrent globalement pas certains pays comme l’Espagne. Là-bas, les équivalents des TGV ne circulent que sur des voies dédiées”, analyse Alain Sauvant.

En conclusion, on peut donc observer que si les retards de plusieurs heures sont assez rares sur le réseau ferré français, la ponctualité laisse malgré tout à désirer. Ces dernières années, elle suit une trajectoire légèrement à la baisse, qui ne peut pas uniquement s’expliquer par des causes extérieures à la SNCF. Aujourd’hui en France, 12 à 14% des trains arrivent en moyenne en retard, ce qui place notre pays dans une moyenne basse à l’échelle européenne, assez loin des Pays-Bas où la ponctualité a été soulignée par des études officielles.

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