Pour la Cour des comptes, le service aux usagers « se dégrade » sur les TER
Le rapport de l’institution souligne également le coût du TER, qui serait « le mode de transport le plus coûteux, à l’exception du taxi à un ou deux voyageurs ».
Le mouvement de colère des cheminots s’apaise à peine que la Cour des comptes dénonce, dans un rapport publié mercredi 23 octobre, « la dégradation continue de la qualité de service » des transports express régionaux (TER). Et ce, malgré « des coûts élevés ».
Le réquisitoire de la Cour n’épargne aucun aspect de cette activité qui permet, chaque jour, à 900 000 personnes d’utiliser les 7 000 trains et 1 300 cars du réseau. C’est que l’ouverture à la concurrence approche – à partir de 2023. Et l’institution ne se montre pas très optimiste sur le niveau de préparation de la SNCF.
Il est vrai que le service rendu par les TER a rencontré de nombreux écueils ces dernières années : concurrence du covoiturage ou des « cars Macron », « baisse des prix des carburants qui a favorisé l’usage du véhicule individuel », grèves à répétition, etc.
Seules 29 % des lignes régionales en bon état
L’état du réseau n’a rien arrangé. « Le sous-investissement », à la fin du XXe siècle, fait que l’âge moyen des voies est d’environ trente ans, contre dix-sept en Allemagne, par exemple. SNCF Réseau, propriétaire des voies et chargé de leur entretien, reconnaît d’ailleurs que seules 29 % de ses lignes régionales sont en bon état. Cela induit « une offre de transport de moins en moins fiable », déplore la Cour, mentionnant les retards, le ralentissement des circulations, voire la suspension du service pour des raisons de sécurité.
Pas étonnant, dans ces circonstances, que la fréquentation baisse : 78 voyageurs par train en moyenne en 2017, contre 82 voyageurs en 2012. « Un tiers des lignes [sont] peu fréquentées », note la Cour, qui évoque 285 gares accueillant moins de trois voyageurs par jour ou de nombreux trains circulant avec moins de dix passagers à bord.
Or, cette activité est « coûteuse ». Toutes dépenses confondues – exploitation, investissements, retraite des cheminots, coûts environnementaux –, elle représente « environ 8,5 milliards d’euros en 2017, soit un coût moyen par voyageur/kilomètre de 61 centimes d’euros : cela fait du TER le mode de transport le plus coûteux, à l’exception du taxi à un ou deux voyageurs ». Et 88 % des coûts du TER sont couverts par des subventions publiques, les clients n’en payant que 12 %.
Ajuster le nombre d’agents en gare et à bord des trains
Pour améliorer les choses, la Cour suggère plusieurs pistes. Il pourrait s’agir de clarifier le rôle des différents acteurs, et notamment de permettre aux régions de devenir propriétaires des lignes qu’elles financent. L’institution recommande de limiter les coûts d’exploitation, « notamment en ajustant le niveau de présence d’agents en gare et à bord des trains au strict nécessaire ». Et, pourquoi pas, de filialiser l’activité TER. En tout cas, la fermeture des lignes et gares peu fréquentées « n’est évidemment pas la seule option possible ».
La SNCF, qui ne conteste pas le constat sur la période 2012-2017, met en avant le « vaste plan de transformation » lancé en 2017, grâce auquel « la dynamique s’est accélérée sur tous les points soulevés par le rapport ». La fréquentation s’améliorerait, comme la satisfaction des clients et la régularité : « 30 % des trains en retard ont été remis à l’heure. » Pour la CGT cheminots, enfin, « le service public ferroviaire n’est pas un “coût” pour la nation, mais au contraire, un véritable investissement collectif au service du plus grand nombre ».
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