Les lignes de tramways oubliées de l’Isère

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Le tramway, pas seulement à Grenoble mais dans tout le département, c’est une histoire qui a plus d’un siècle.

Maquette et photo ancienne du V.S.B. (Voiron-St Béron) à l'entrée des gorges de Crossey
Maquette et photo ancienne du V.S.B. (Voiron-St Béron) à l’entrée des gorges de Crossey © Radio France – Alain Salomon

Entre 1893 et 1952, les différentes lignes de tramways construites en Isère ont contribué à désenclaver les territoires et rapprocher les populations. Plus rapides que les pataches et autres carrioles, elles ont été empruntées aussi bien par les citadins que les villageois et les touristes, et ont transporté tous types de marchandises et d’animaux.

Oeuvre de Nessé représentant les T.D.I. (Tramways Départementaux de l'Isère) qui ont notamment circulé entre St Marcellin et Lyon
Oeuvre de Nessé représentant les T.D.I. (Tramways Départementaux de l’Isère) qui ont notamment circulé entre St Marcellin et Lyon – Nessé

Que ce soit en Chartreuse, dans les Chambaran, la plaine de Bièvre, en Nord-Isère, dans le Grésivaudan, la vallée de la Romanche ou bien dans l’agglomération grenobloise, les tramways qui ont circulé au début du siècle étaient synonymes de progrès et leur implantations ont nécessité des aménagements dans nos paysages qui, pour certains, sont encore visibles aujourd’hui. Jugés d’un autre temps et victimes de la concurrence des voitures et autocar, ces lignes de tramways ont été fermées ou progressivement réduites pour disparaître complètement de nos paysages en 1952… avant de renaître 35 ans plus tard à Grenoble avec le réseau que l’on connaît aujourd’hui.

Partons donc sur les traces de quelques-unes de ces lignes de tramways, très souvent oubliées, mais qui racontent des histoires extraordinaires.

LE G.V.L. (Grenoble-Villard de Lans)

La naissance du G.V.L. est une longue histoire. Imaginée dès 1887, ce n’est qu’en 1920 que la ligne sera inaugurée dans sa totalité entre Grenoble et Villard de Lans, soit 33 ans après. Le tracé de la ligne est, certes, complexe: 39 km d’une voie sinueuse pour laquelle il a fallu construire deux tunnels et des tunnels ouverts (la tranchée Faucherand, par exemple).

Photo du G.V.L. et plaque de la gare de Pariset exposés à l'HistoBus Dauphinois à Pont de Claix
Photo du G.V.L. et plaque de la gare de Pariset exposés à l’HistoBus Dauphinois à Pont de Claix © Radio France – Alain Salomon

Si le premier tronçon entre Grenoble et Seyssins a pu être ouvert en 1911, la Première guerre mondiale a stoppé net les travaux et il s’en est fallu de peu pour que les rails soient démontés pour servir à l’effort de guerre. Pendant ce temps, le matériel roulant avait servi à transporter les soldats vers le front et est revenu en bien mauvais état. Grâce à des prisonniers allemands, la construction de la ligne a pu redémarrer en 1919 pour être mise en service jusqu’à Villard de Lans l’année suivante.

Une ligne née trop tard?

Seulement voilà, avec la concurrence des autobus et de la voiture, le G.V.L. a vite été dépassé techniquement et en 1938, dix-huit ans seulement après sa mise en service, le tronçon St Nizier du Moucherotte-Villard de Lans est fermé. La guerre de 39-45 aura donné un peu de répit à ce qu’il restait de la ligne mais en 1949, la dernière rame s’élance entre Seyssins et St Nizier du Moucherotte et une page d’histoire se tournait.

Jean-Marie Guétat, le secrétaire de l’association Standard 216-Histobus Grenoblois, nous raconte cette ligne qui, aujourd’hui, aurait eu un vrai attrait touristique.

Léon Huillier, ex employé du G.V.L. (et grand-père de Jean-Marie Guétat) sur la voie, devant le tunnel des Envers en 1979
Léon Huillier, ex employé du G.V.L. (et grand-père de Jean-Marie Guétat) sur la voie, devant le tunnel des Envers en 1979 – Jean-Marie Guétat

Aujourd’hui, un bel itinéraire de balade appelé “La voie du tram” permet de passer dans certains tunnels et suivre le tracé de la ligne.

Le T.G.C. (Grenoble-Chapareillan)

Le T.G.C. était une ligne de tramway à traction électrique qui circulait entre Grenoble et Chapareillan, en rive droite de l’Isère entre 1899 et 1947.

Il avait la particularité d’être alimenté entièrement par voie aérienne et les motrices étaient donc équipées de deux perches. L’électricité était fournie par Aristide Bergès, l’inventeur de la Houille Blanche, depuis son usine de Lancey.

Le T.G.C. en gare de Crolles
Le T.G.C. en gare de Crolles – Col Musée Dauphinois

Partant de la place Notre-Dame à Grenoble, sa construction a notamment nécessité un nouveau pont au niveau de l’Île-Verte (pont qui sera remplacé par un plus large et plus robuste en 1988 pour permettre le passage de la nouvelle ligne B du réseau Tag). Nombreuses sont les gares le long de cette ligne qui attestent de la présence passée de cette ligne de tramway qui a permis de rapprocher les populations de la ville et le transport de différents types de marchandises.

Exploitée d’abord par la Compagnie du Tramway Grenoble-Chapareillan entre 1899 et 1930, la ligne sera reprise par la régie départementale des Voies Ferrées du Dauphiné VFD jusqu’à sa fermeture progressive: d’abord en 1933 pour la section Chapareillan – Le Touvet, pour finir en 1947 avec la suppression du tronçon Meylan-Grenoble.

Le V.S.B. (Voiron-St Béron)

Le V.S.B. était plus un petit chemin de fer qu’un véritable tramway. Inauguré en 1895, ce petit tortillard à vapeur a circulé jusqu’en 1936 entre Voiron et Saint-Béron, en Savoie, via les gorges de Crossey, la plaine laurentinoise et les gorges de Chailles, e tout en environ deux heures.

Maquette du V.S.B., à la sortie de St Etienne de Crossey en direction de St Laurent du Pont
Maquette du V.S.B., à la sortie de St Etienne de Crossey en direction de St Laurent du Pont © Radio France – Alain Salomon

Il a transporté aussi bien des voyageurs que des marchandises, notamment les productions sidérurgiques des établissements Paturle et les produits issus de la distillerie de la Chartreuse à Fourvoirie, grâce à un embranchement à St Laurent du Pont qui permettait au train de remonter les gorges du Guiers Mort jusqu’au site de Fourvoirie.

Le T.O.D. (Tramway de l’Ouest Dauphiné)

T.O.D. est le nom que l’on donne généralement à la ligne de chemin de fer à vapeur qui reliait St Marcellin à Lyon entre 1899 et 1937. Mais il faudrait dire “LES Tramways de l’Ouest du Dauphiné” car il y avait en réalité plusieurs lignes, dont un embranchement entre Viriville et le Grand Lemps. A son apogée, le réseau comptait jusqu’à 153 km de voies.

Maquette d'un ancien tramway isérois exposée à l'HistoBus Dauphinois
Maquette d’un ancien tramway isérois exposée à l’HistoBus Dauphinois © Radio France – Alain Salomon

L’âge d’or du T.O.D. se situe entre le début du XXème siècle et la Première guerre mondiale. Outre le transport de passagers, il permettait d’acheminer vers Lyon les productions des différentes usines de tissages installées dans cette partie de l’Isère, sans oublier les nombreux soldats (environ 500 000) qui se rendaient au champ de tir de Chambaran.

De cette ligne, il ne reste aujourd’hui plus que quelques gares (dont celle de Roybon), deux tunnels… et le site internet d’Olivier Gully qui permet de situer exactement chaque gare (photos à l’appuis) et de découvrir tout le tracé de cette ligne.

Bien sûr, d’autres lignes de tramways ont circulé en Isère à l’aube du XXème siècle. Pour en savoir davantage, n’hésitez pas à lire le livre “Le tramway à Grenoble: un siècle d’histoire“, de Christian Sadoux aux éditions Le Dauphiné Libéré.

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