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Les entreprises de travaux ferroviaires se projettent avec envie sur le scénario principal d’investissements dit « de planification écologique », issu du rapport du Conseil d’orientation des infrastructures (COI). Seules ombres au tableau, les incertitudes qui restent à lever autour des projets de LGV et une vraie inquiétude concernant le Lyon-Turin.
J.B. \ 12h05
« En matière de régénération du réseau, d’harmonisation avec les systèmes européens et de développement de réseaux express métropolitains, le scénario de planification écologique proposé par le COI et retenu par le gouvernement nous donnerait les moyens de nos ambitions », se réjouit Philippe Bernard, président du syndicat des entreprises de travaux ferroviaires SETVF.
En effet, avec une montée en puissance des investissements pour atteindre 1 milliard par an dès 2026 qui viendraient s’ajouter aux près de 3 milliards annuels déjà consacrés à la régénération dans le budget de SNCF Réseau, le coup d’accélérateur sur le rail se confirmerait. Et ce, sans même évoquer les 500M€ qui seraient alloués à la modernisation du réseau à la même échéance.
Cap sur la régénération du réseau
« Il y a une véritable progressivité dans le plan d’investissements mis sur la table qui, à mon sens, correspond bien aux capacités des industriels du secteur à absorber un surcroît d’activité de l’ordre de 30 %, par rapport à ce que nous vivons actuellement », poursuit Philippe Bernard.
Quant à la façon dont pourraient être fléchés ces crédits, l’élu a son idée. « Nous pourrions lancer une nouvelle suite rapide pour accélérer la modernisation de la voie à haut rendement, voire une deuxième qui serait consacrée à la caténaire. En prenant ces décisions, il resterait suffisamment des crédits pour mener également les travaux d’entretiens plus classiques, mais toujours indispensables ».
Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, le gouvernement vient également d’annoncer qu’il souhaitait engager aux côtés de la SNCF, de l’Union européenne et des collectivités locales un investissement de l’ordre de 100 milliards d’euros d’ici 2040 moteur d’une « Nouvelle donne ferroviaire ».
RER Métropolitains : l’ambition présidentielle gagne du crédit
Suite à l’annonce en fin d’année dernière par le président de la République, Emmanuel Macron, d’un développement à venir des réseaux express régionaux par l’intermédiaire d’une vidéo diffusée sur Youtube, les professionnels attendaient une première traduction concrète. C’est désormais, chose faite dans le rapport qui recommande d’investir 75 millions d’euros/an sur un premier quinquennat avant de monter à 300 millions par an.
« Dans son rapport, le COI parle de services express métropolitains. Cette expression ne recouvre pas la notion de RER, qui comprend des services, une infrastructure et son accompagnement. J’y vois le signe que la détermination du conseil reste à renforcer », analyse Jean-Claude Degand, président de l’association nouvellement créée et baptisée Objectif RER métropolitain.
Plus enthousiaste, Philippe Richard, y lit pour sa part une bonne adéquation avec le niveau de maturité réel des initiatives actuelles en la matière. « Les projets qu’il faut soutenir aujourd’hui se fondent sur l’existant avec beaucoup de signalisation, de remaniement caténaires… Ceux qui seront lancés dans le futur comporteront davantage de travaux lourds qui justifieront cette progression des investissements ».
Et pour accompagner le développement de ces réseaux, l’exécutif prévoit de mettre à la manoeuvre la Société du Grand Paris. « Aux côtés de la SNCF, la SGP mettra ses compétences au service des régions et entamera dès le mois de mars des discussions avec les exécutifs locaux concernés pour déterminer le calendrier, les modalités opérationnelles et de financement pour les nouveaux projets de RER métropolitains », a précisé la première ministre Elisabeth Borne, à l’occasion de la remise officielle du rapport du COI.
Une LNPCA ponctuelle et un GPSO retardé ?
Côté grands projets, le rapport se montre moins généreux dans son scénario central. La Ligne nouvelle Provence Côte d’Azur (LNPCA) serait épargnée, mais le Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) pourrait voire sa LGV reliant Bordeaux à Toulouse décalée de même que la ligne Montpellier-Bézier. Beaucoup dépendra des discussions entre l’Etat et les collectivités concernées pour espérer tenir l’agenda initial.
Reste que le GPSO ne résume pas à la grande vitesse. Il devrait donc continuer d’avancer, et ce même si le gouvernement retenait le calendrier évoqué par le COI. « Le GPSO ce n’est pas qu’une LGV, confirme Philippe Bernard. Les projets d’aménagement ferroviaire au Nord de Toulouse (AFTN) et au sud de Bordeaux (AFSB) en font partie et ne semblent pas de voir être remis en cause. Ils conservent toute leur raison d’être, avec ou sans grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse, même si pour le dynamisme de la région et les mobilités de ses habitants, cette ligne est à la fois très importante et très attendue ».
Alerte sur le Lyon-Turin
Au sujet du Lyon-Turin, le monde des travaux ferroviaires se montre plus tranché et tire par la sonnette d’alarme par la voie de son président. « Ne pas disposer en France d’accès dignes de ce nom au tunnel, alors que les Italiens auront achevés les leurs, me paraît tout simplement inconcevable ».
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