La SNCF voit sa dette alourdie de 3 milliards d’euros au premier semestre

https://www.lefigaro.fr/societes/greves-et-covid-font-derailler-la-trajectoire-financiere-de-la-sncf-20200730

Le groupe public revoit à la baisse ses investissements et durcit son plan d’économies.

La dette nette de la SNCF est désormais de 38,3 milliards d'euros.
La dette nette de la SNCF est désormais de 38,3 milliards d’euros. LUDOVIC MARIN / AFP

La trajectoire financière du groupe SNCF est à nouveau sortie de ses rails. L’entreprise, dont l’État s’est engagé à reprendre 35 milliards d’euros de dette d’ici à 2022 (sur 60,3 milliards d’euros fin 2019), vient d’en créer près de trois milliards d’euros supplémentaires en six mois. Ainsi la dette nette de l’entreprise a ainsi atteint 38,3 milliards d’euros, malgré la reprise par l’État d’une première tranche de 25 milliards d’euros en janvier.

Les grèves liées à la réforme des retraites et la crise du Covid-19 ont réduit à néant le travail d’assainissement. Le groupe affiche une perte nette de 2,4 milliards d’euros pour le premier semestre.

Le chiffre d’affaires a chuté de 21 %, à 14,1 milliards d’euros au premier semestre. La crise sanitaire a occasionné un manque à gagner de 3,9 milliards d’euros, et les grèves en janvier de 275 millions. « Mais nous ne nous sommes pas laissés ballotter, ni sur le plan industriel, ni sur le plan commercial », a souligné Laurent Trevisani, le directeur général délégué en charge de la stratégie et des finances du groupe SNCF. Qui a rappelé les efforts fournis par l’entreprise lors du confinement (trains médicalisés, charters de Geodis pour convoyer des masques…)

Geodis, la filiale de la SNCF dans le domaine de la logistique, a bien résisté avec un chiffre d’affaires en très légère progression de 0,3 %. En revanche, les autres branches du groupe public ont vu fondre leur chiffre d’affaires : – 37 % pour SNCF Voyageurs (TGV, TER et Transilien en Île-de-France), – 12 % pour Keolis (transports publics), – 20 % pour le fret et -20 % pour SNCF Réseau. De fait, la fréquentation des TER a baissé de 50 % au premier semestre, et celle des TGV de 55 % par rapport à l’an passé. Aujourd’hui, la fréquentation affiche encore une baisse de 20 % par rapport à l’an dernier. La SNCF a lancé un plan d’action et de petits prix pour ramener les voyageurs dans ses trains. À la rentrée, l’entreprise ciblera les clients professionnels qui ont eu tendance à privilégier le télétravail.

L’entreprise va aussi bénéficier du plan de soutien au fret ferroviaire promis par l’État. Le gouvernement compte relancer notamment le train des primeurs Perpignan-Rungis, et rendre gratuit les péages pour les trains de marchandises. Ce qui représente un investissement de 63 millions d’euros en 2020 et encore 63 millions en 2021, selon Matignon.

Plan de soutien de l’État

Plus généralement, le gouvernement devrait décider ces prochaines semaines quelles seront les modalités du plan de soutien au groupe. Le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari a récemment annoncé que la SNCF serait aidée « à hauteur de plusieurs milliards d’euros » par l’État. Il pourrait, avant 2022 comme cela était prévu, reprendre une nouvelle tranche de dette de la SNCF. Ou recapitaliser l’entreprise.

En parallèle, le groupe a mis en place un plan d’économies de 1,8 milliard d’euros sur l’ensemble de l’année, dont 1,1 milliard d’euros ont déjà été réalisés. Au-delà, le groupe SNCF va revoir ses investissements à la baisse. « Nous allons nous concentrer sur ceux qui sont indispensables, comme la régénération du réseau », précise Laurent Trevisani. L’entreprise supprimera ainsi 10 % des 5 milliards d’investissements qu’il devait financer cette année.

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