La SNCF dans le rouge en 2019, après la grève contre la réforme des retraites

https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/02/28/la-sncf-dans-le-rouge-en-2019-apres-la-greve-contre-la-reforme-des-retraites_6031233_3234.html

Le groupe public affichait un bénéfice de 141 millions un an plus tôt. Avant la grève, les onze premiers mois avaient été « très dynamiques ».

Le Monde avec AFP Publié le 28 février 2020 à 15h53

Les vingt-sept jours de grève en décembre ont coûté environ 690 millions d’euros de manque à gagner de chiffre d’affaires. Les vingt-sept jours de grève en décembre ont coûté environ 690 millions d’euros de manque à gagner de chiffre d’affaires. CHARLES PLATIAU / REUTERS

La SNCF a chèrement payé la grève très dure contre la réforme des retraites en décembre. Elle termine l’année 2019 dans le rouge, alors que les onze premiers mois avaient été « très dynamiques », avec une forte progression du chiffre d’affaires. Le groupe public a ainsi publié, vendredi 28 février, une perte nette de 801 millions d’euros en 2019 – contre un bénéfice de 141 millions un an plus tôt.

Les vingt-sept jours de grève en décembre ont coûté environ 690 millions d’euros de manque à gagner de chiffre d’affaires et 614 millions de marge opérationnelle (équivalent du résultat d’exploitation).

D’importants effets comptables ont plombé le résultat net. Sans ces effets, le « résultat net récurrent » mis en avant par la direction reste néanmoins négatif, à − 301 millions d’euros. L’écart s’explique surtout cette année par une dépréciation des impôts différés actifs, une opération comptable liée à la diminution de la base taxable future. Hors effet de la grève en décembre, le « résultat net récurrent » serait positif, à + 313 millions d’euros, relève la direction.

Le chiffre d’affaires du groupe a progressé de 5,1 % à 35,1 milliards d’euros, porté par le dynamisme des activités ferroviaires et de la filiale de transports publics Keolis. Et si les deux grèves de 2018 et 2019 n’avaient pas eu lieu, la croissance aurait été de 4,5 %, insiste la direction.

La marge opérationnelle est en forte hausse, à 5,6 milliards d’euros, les effets négatifs de la grève ayant été plus que compensés par d’importants gains de compétitivité et surtout par l’adoption de la norme comptable IRFS16, qui à elle seule fait gagner un milliard d’euros dans la ligne de comptes.

Dette de 35 milliards d’euros

La SNCF n’a pas publié le détail des comptes des établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC) SNCF Mobilités et SNCF Réseau tels qu’ils existaient jusqu’au 31 décembre, avant d’être refondus dans la « nouvelle SNCF », née le 1er janvier avec la mise en œuvre de la réforme ferroviaire.

Le chiffre d’affaires de Voyages SNCF (TGV et Intercités, notamment) progresse de 4,2 %, avec des trafics en hausse de 4,1 %. Les activités TER et Transilien, et même le trafic ferroviaire de marchandises – à l’international – sont en progression, tandis que le chiffre d’affaires de Keolis bondit de 10,3 %.

Le montant total des investissements du groupe frôle les 10 milliards d’euros, réalisés à plus de 95 % dans les activités ferroviaires en France. Il devrait dépasser les 11 milliards pour la première fois cette année, prévoit la SNCF.

La dette consolidée s’est alourdie de 3,6 milliards en 2019, pour finir l’année à 60,3 milliards d’euros (dont 51,9 milliards pour SNCF Réseau). Les besoins de financement du réseau ont représenté 2,5 milliards dans cet alourdissement. La « nouvelle SNCF » a donc commencé l’année 2020 avec une dette d’environ 35 milliards au début de 2020, après la reprise de 25 milliards par l’Etat le 1er janvier. Ce dernier doit encore reprendre 10 milliards supplémentaires en 2022.

La poursuite de la grève en janvier s’est traduite par une perte d’exploitation de 330 millions d’euros, qui devra être en partie compensée par des gains d’activité, des réductions de charges supplémentaires, le décalage de certains projets, une optimisation des investissements, etc. A plus long terme, la direction confirme l’objectif, imposé par le gouvernement, d’arriver à fonctionner sans alourdir la dette à partir de 2022.

Le Monde avec AFP

Poster le commentaire

Pin It on Pinterest

Share This