Alerte pollution en Isère : à quoi s’attendre ces prochains jours ? France Bleu Isère et Atmo vous répondent

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De Théo HetschPar France Bleu Isère

Le Nord-Isère est depuis plusieurs jours placé en alerte à la pollution aux particules fines. Des restrictions de circulation sont en place. Mais cela sera-t-il suffisant ? On fait le point avec Gladys Mary, correspondante Atmo en Isère.

Depuis quatre jours désormais, le Nord Isère est en alerte pollution aux particules fines. La préfecture a mis en place plusieurs mesures pour limiter les émissions : baisse de la vitesse voire interdiction des véhicules les plus polluants, limitation des chantiers générateurs de poussière, etc. “Ces mesures sont utiles” confirme ce mercredi 15 février Gladys Mary, correspondante territoriale d’ATMO en Isère, l’organisme chargé d’évaluer la qualité de l’air. “On commence à avoir une petite baisse des concentrations” constate-t-elle.

France Bleu Isère – D’abord, à quel point cet épisode de pollution est grave et exceptionnel ? On est aujourd’hui au niveau d’alerte le plus haut…

Gladys Mary – Cet épisode est important parce que ça fait quatre jours qu’on constate des dépassements du seuil d’alerte par rapport aux particules fines. Donc, on mesure à la fois un dépassement très important en niveau de concentration journalier et une persistance sur la durée.

Et cette situation est exceptionnelle ? Depuis combien de temps on n’a pas eu un épisode à ce point important ?

Ces dernières années, on a eu quelques épisodes de ce type, mais ça commence à faire un petit moment, ça fait deux ans environ qu’on n’avait pas eu d’épisode de cette ampleur qui dure autant en nombre de jours.

La préfecture de l’Isère a pris des mesures : interdiction des véhicules Crit’air 3 et plus dans les grandes villes, interdiction des chantiers qui soulèvent de la poussière, interdiction de l’épandage dans les champs… Est-ce que ces mesures sont utiles ? Est-ce que ça marche ?

Alors ces mesures, elles sont utiles. On est sur un épisode de pollution aux particules fines émises par des sources diverses et variées, notamment le chauffage au bois non performant – où il y a aussi des restrictions d’utilisation – ou le trafic, l’industrie et l’agriculture. Et donc le fait de mettre en place ces actions va limiter les émissions globales de polluants et donc limiter la charge de polluants qu’on va respirer au quotidien. Donc le but, c’est vraiment de mettre ces actions en place pour réduire le plus rapidement possible les concentrations qu’on respire au quotidien.

Et pourtant, actuellement, vous ne constatez pas de baisse du niveau de pollution ?

Alors on commence à avoir une petite baisse des concentrations, mais on reste à des niveaux élevés. C’est lié au fait qu’on continue quand même à émettre beaucoup de polluants malgré ces restrictions. Et puis on a des températures froides, donc des besoins de chauffage importants et aussi des masses d’air très stables en ce moment, donc un phénomène d’inversion de température qui plaque l’air au sol et les particules fines.

Descendons un peu vers le Sud, dans le bassin grenoblois. Là, la qualité de l’air n’est pas bonne non plus, mais on n’est pas encore au seuil d’alerte ?

Voilà, ces seuils d’alerte reposent sur des niveaux définis par les préfectures. Autant sur le Nord-Isère, sur Bourgoin-Jallieu ou Roussillon, on a constaté des concentrations de 60 microgrammes par mètre cube ces derniers jours, autant sur Grenoble, on flirte plutôt avec le seuil des 50 microgrammes par mètre cube et donc on n’a pas déclenché, nous, d’alerte sur le bassin grenoblois pour le moment.

Est-ce qu’on se dirige vers ça ? On sait qu’on a devant nous dix jours de beau temps. Ce n’est pas forcément une bonne chose pour la qualité de l’air…

Météo France nous annonce du vent de sud les jours à venir, donc on espère que ça va permettre de dissiper un peu ces polluants et d’aller vers une situation qui va s’améliorer. Mais en parallèle, on a aussi une annonce de poussière saharienne qui pourrait arriver vendredi, a priori plutôt sur l’ouest de la région, mais qui pourrait aussi nous impacter. Ce sont des particules naturelles mais qui viennent se rajouter aux particules fines générées par l’homme et par les activités humaines.

Donc de l’incertitude encore pour les jours qui viennent, on ne sait pas trop dans quel sens ça va évoluer ?

On espère quand même une amélioration au global, mais on reste très vigilants sur la situation. C’est l’intérêt pour nous Atmo d’alerter la population afin que chaque personne soit au courant de cette situation sur la qualité de l’air, à la fois pour protéger sa propre santé, limiter ses activités physiques intenses pendant cette période et aussi pour mettre en place des actions pour limiter ces émissions de polluants : réduire l’utilisation du chauffage au bois si c’est possible, réduire l’utilisation de la voiture individuelle et pouvoir ensemble arriver à respirer un air meilleur pour les jours à venir.

Est-ce qu’on peut rappeler rapidement les conséquences sur la santé de ces épisodes de pollution aux particules fines ?

Alors, les particules fines, ce sont des composés très petits qui vont pénétrer profondément dans notre système respiratoire jusqu’aux alvéoles et qui vont pouvoir aller se diffuser même au niveau cardiovasculaire et cérébral. Donc on va avoir des troubles à court terme liés à des problèmes respiratoires, beaucoup de bronchiolites chez les enfants qui vont être accentuées par ce phénomène, notamment des jeunes. Et puis sur le long terme, on a va avoir des problèmes notamment d’AVC et de problèmes cardiovasculaires. On estime que la pollution aux particules fines est responsable d’environ 40.000 morts prématurées chaque année en France.

Pour se prémunir, vous avez mis en place une application qui s’appelle AirToGo, qui permet de voir en temps réel la qualité de l’air là où on se trouve ?

AirToGo remonte l’indice de qualité de l’air de chaque commune de la région Auvergne-Rhône-Alpes où vous vous trouvez. Vous pouvez connaître chaque jour la qualité de l’air de votre commune, associée à des recommandations justement pour protéger votre santé et pour agir.

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